BIO

Qui n’a pas voulu vivre ses rêves
au moins une fois dans sa vie?

Janvier 1991  » I have a dream « 

On dit souvent que la vocation d’un adulte prend racine dans son enfance. Parfois, il faut remonter loin dans le passé pour comprendre ce qui nous anime profondément. Certains mettent des années à trouver leur passion, leur raison d’être ; d’autres, un peu moins. L’essentiel, c’est de croire en soi, en ses rêves, et d’oser les suivre pour donner à sa vie des couleurs uniques, des vibrations sincères.

« Pas comme les autres » : voilà ce que j’ai toujours voulu être, depuis ma plus tendre enfance. Alors que j’étais une petite fille plutôt ordinaire, j’ai cherché à me distinguer, à me détacher de la masse. À l’adolescence, comme beaucoup de jeunes parisiens des années 1980, j’ai adopté un style excentrique, affirmé des idées singulières, et surtout, j’étais en quête d’histoires extraordinaires. Des histoires à vivre, à ressentir, puis à raconter. Une quête nourrie par une passion profonde qui ne m’a jamais quittée.

J’aimais déjà le dessin, la littérature… mais ce qui me fascinait par-dessus tout, c’étaient les expéditions polaires. Je regardais, émerveillée, les reportages à la télévision sur Paul-Émile VictorJean-Louis Étienne, et je dévorais les livres sur les peuples inuits et leurs chiens arctiques. Ce monde-là, lointain et glacé, m’appelait.

Et parmi toutes ces images, c’est celle des chiens de traîneau qui m’a marquée à jamais. Cette fascination a grandi, doucement mais sûrement, jusqu’à devenir un rêve d’enfant bien ancré dans mon cœur.

Nous sommes en 1991. J’ai 22 ans, je vis déjà en couple. Et un matin d’hiver, alors que les flocons dansaient dans le ciel, Féline, une petite chienne husky, entre dans ma vie. Elle avait ce regard bleu glacier, cette fourrure argentée, ce mystère dans les yeux… et, sans le savoir, elle allait bouleverser notre existence.


L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais au contraire, elle m’a emporter avec force au delà de mes esperences.

Ce petit loup des neiges a tout transformé : notre mode de vie, notre façon de penser, notre relation au monde. Nous avons réorganisé notre appartement pour elle, découvert la nature autrement à travers de longues balades en forêt ou en montagne.

Puis, un jour, j’ai découvert un sport incroyable, fait de complicité, d’effort et de liberté : 
« le mushing« .

Alors, il a fallu apprendre. Lire, beaucoup : « Ma Vie pour un Rêve »« Dix chiens pour un rêve » de François Varigas… Créer notre propre matériel : lignes de trait, colliers, harnais, kart, trottinette. Et surtout, rencontrer d’autres passionnés : de tous horizons, unis par cet amour des chiens nordiques à travers les courses, les expéditions, les expositions.

Peu à peu, notre famille s’est agrandie. Inook a rejoint Féline. Puis, avec cette passion toujours plus forte, nous avons fondé notre propre club sportif : « Le Malartik Club« , du nom d’une ville canadienne.

Nous avons quitté Paris pour offrir un terrain de jeu digne de ce nom à nos chiens. Et les arrivées se sont enchaînées : Jinka, Jessie, Loupiotte, Kumiak, Mytook, Mytika, Quézac, Nanook et Mogwai ont constitué notre meute au fil du temps .

C’est avec eux que j’ai ressenti mes premiers frissons en traîneau, vécu mes premières courses, mes premières randonnées. J’ai même organisé des démonstrations pour un public curieux, passionné, avide de découvrir ce lien unique entre l’homme et ses chiens.

Aujourd’hui, Féline n’est plus, mais elle reste à jamais celle par qui tout a commencé. Elle fut le souffle d’un rêve devenu réalité, une étincelle qui a illuminé toute une vie.

« Quand on réussit à vivre sa passion, il faut aller jusqu’au bout. Sinon, elle reste inachevée, comme une fleur privée de ses couleurs, ou un vieux livre aux pages blanches. »

Décembre 2000

Car derrière chaque rêve en naît un autre. Et c’est avec une énergie nouvelle et des projets plein le cœur que j’ose désormais espérer créer un espace nordique ouvert au grand public, et continuer à vivre de longues années avec ma meute sur les reliefs vosgiens, qui nous offrent chaque jour un spectacle de toute beauté.

Et que m’a-t-elle laissé ?
Un savoir, un vécu, un bonheur immense. Une tristesse profonde aussi.
Mais surtout : des amis, une meute, une force intérieure, et des rêves encore à construire.

C’est dans cette race, dans ces chiens du Grand Nord, que j’ai retrouvé l’adoration d’enfant que j’avais pour les peuples autochtones. C’est là que j’ai renoué avec mon amour pour la nature, les montagnes, le grand blanc.
Une manière aussi de vivre différemment, à contre-courant du monde moderne.
Alors que certains roulent dans de luxueuses voitures, moi, ma Jaguar, c’est mon traîneau, et ses chevaux, ce sont mes chiens de traîneau.

Nous avons choisi un mode de vie pas toujours simple. Il demande des ressources, du courage, et il est souvent jugé critiqué quand tout va mal, envié quand tout va bien.
Il y a des imprévus, des obstacles que l’on n’anticipe pas. Mais se battre pour ne pas vivre une vie ordinaire et programmée, c’est aussi découvrir des chemins imprévus parfois escarpés, parfois lumineux.

En cette aube du troisième millénaire, alors que le monde vibre, bouge, accélère, je sais que je n’ai pas eu peur de tout recommencer. Je suis partie, une nouvelle fois, vers l’inconnu  avec pour seul bagage mes chiens des neiges.

En ce mois de décembre, je suis encore cette enfant d’hier, les yeux pleins d’étoiles, le cœur rempli de projets.
Ma force, je la puise dans ce en quoi je crois, dans ce que je fais.
Je suis habitée par la passion de réaliser mes rêves d’enfant, guidée par un animal d’exception et un mode de vie qui me ressemble.

Décembre 2010 – L’écho d’un rêve fidèle

J’ai 42 ans. Dix nouvelles années se sont écoulées.
Que dire aujourd’hui, sinon que je suis restée fidèle à ce rêve d’enfant, à cette passion viscérale qui m’a guidée depuis mes débuts… et que j’ai réalisé tout ce que j’espérais, tant comme petite fille que comme adulte.

La meute n’existe plus.
Mais nous avons été immensément heureux.
Heureux dans différentes régions de France, portés par la nature, par les rencontres, par les courses, par les hasards magnifiques de la vie. Nous avons croisé des gens formidables, vibré ensemble autour d’une même passion.

Aujourd’hui, je peux le dire sans hésiter :
J’ai réussi cette partie de ma vie.

Bien sûr, leur absence a été un deuil difficile.
Plus de vingt années de fusion, d’amour, de partages, ne s’effacent pas. Il a fallu apprendre à vivre sans eux.Etre musher et avoir une meute , c’est se préparer à souffrir plusieurs fois de leurs absences. À accepter leur départ, un par un, comme on ferme les chapitres d’un livre que l’on n’a pas envie de terminer.

Et pourtant, alors que je pensais refermer cette page, alors que je vis à Lyon, citadine comme je l’étais à Paris il y a des années… la vie m’a surprise à nouveau.

Elle s’appelle Baïkal.
Une jeune malamute. Ce n’est pas une husky… mais c’est un nordique, et c’est parfait ainsi. Je ne voulais pas revivre la même histoire.
Baïkal m’a été offerte par Karine, ma meilleure amie dans le mushing. Cela fait plus de 20 ans que nous nous connaissons. Ensemble, nous avons vu grandir nos meutes, nos clubs, nos rêves de glace et d’amitié.

Et là, je me dis que la vie est tout simplement incroyable.
Vingt ans plus tard, me revoilà avec un seul chien, comme à mes débuts.
Un chien noir et blanc, une femelle, attelée à un VTT, comme à l’origine de tout.
Un cadeau d’amitié, de fidélité, un passage de relais entre le passé et le présent.
Des coïncidences… qui n’en sont pas vraiment.
Tout cela me confirme une chose dont je suis convaincue :

Quand une passion vit en nous, elle ne s’éteint jamais.
Peu importe où l’on vit, avec qui, ou comment on fait les choses… quand elle est là, elle reste.
Elle s’ancre profondément, et elle ne nous quitte plus jamais.

Hier midi, j’avais une husky nommée Féline. Je vivais à Paris. J’étais jeune et pleine de rêves.
Hier soir, j’avais une meute de 11 huskies, la tribu Kanooblak, avec qui j’ai réalisé tous mes rêves de môme, dans les Vosges enneigées.
Et ce matin, à Lyon, j’ai une malamute nommée Baïkal, qui me montre chaque jour que la vie est comme un tatouage :

Ce qui est gravé sur la peau l’est pour toujours.

Le monde est devenu encore plus superficiel qu’il ne l’était il y a dix ans.
Mais rester dans mon univers m’aide à m’en détacher.
Je savoure les vraies choses, les vraies rencontres, les valeurs profondes.

Je ne sais pas si j’ai encore d’autres rêves.
Car je me sens déjà comblée d’avoir mené ma passion jusqu’au bout.
Mais une chose est sûre : chaque matin, en me levant, voir Baïkal est un bonheur pur.
Elle me ramène à la tribu des 11.
Souvent, je lui montre les portraits accrochés dans le couloir, et je lui raconte combien ils étaient extraordinaires.

Baïkal ne les remplacera jamais.
Mais elle en est une extension, un écho, une nouvelle histoire à raconter.

Et peut-être qu’un nouveau rêve vient de naître…
Celui de raconter l’histoire de la meute.
Une histoire que j’espère bien finir, un jour, quelque part, dans une cabane au Canada. 🐾

Le temps suspendu

J’ai 53 ans , le Covid est arrivé avec lui, les doutes, les peurs, le silence. La nature, soudain, a repris ses droits, comme dans un film de science-fiction. Ce que j’écrivais en 1986 dans mon cahier d’adolescente semblait prendre vie :
« Arrêter le temps… ce serait dément. »
Je n’en revenais pas tout s’est figé, partout, en même temps, dans le monde entier.

Et moi, j’avais cette chance : vivre en maison, entourée d’arbres, de calme… et de Baïkal. Avec elle, je faisais de magnifiques balades. Nous étions bien, presque hors du monde, dans une parenthèse enchantée.

Mais à la fin du premier confinement, brutal retour à la réalité. Un abcès violent m’envoie aux urgences. Une semaine d’hospitalisation. À mon retour, c’est au tour de ma chienne de tomber malade. Le diagnostic est implacable : cancer des os.
Les jours qui suivent sont sombres. Début juillet, je lui dis adieu. Dix ans, tout juste. Dix années de force tranquille, de tendresse. Mon monde s’effondre.

Alors commence la chute. Une dépression mêlée au reconfinement, puis au vide du déconfinement. Plus d’envies. Plus de balades. Plus d’élan. J’avais déjà perdu ma meute… mais la perte de Baïkal, ce doudou d’amour, a laissé un vide sidéral.
La ménopause s’en mêle, treize kilos en plus. Le corps trinque. L’âme s’éteint.
Un an sans chien. Un an sans lumière.

Et puis… une lueur.

Une étoile.
Un cadeau venu d’une amie proche : « SEEKOO » est arrivé mon Laïka de Yakoutie.
Il partage ma vie depuis trois ans. Un chien très différent. Un nordique, certes, mais loin du husky, loin de ma douce malamute. Peureux, méfiant, rustique jusqu’à la moelle. Il a besoin qu’on respecte sa zone de confort. Mais il est là. Il est proche de moi.

Avec lui, les balades reprennent. Le goût de l’aventure renaît. Et l’écriture, aussi.
Je décide enfin de raconter. D’écrire notre histoire. De parler d’eux, de nous, de cette passion qui me tient debout dans ce monde devenu féroce , un monde où l’humain consomme, dévore, gaspille, détruit… au détriment de la planète, des autres espèces, de la végétation, au profit d’un individualisme qui m’est étranger.

Tout a changé en vingt ans.
Mais je garde cette force en moi.
Je garde ces rêves d’enfant.
Et je continue de marcher, portée par la présence d’un chien nordique qui suit ma trace, où que j’aille, quoi que je fasse.
Une autre histoire arrive , il a déjà 3 ans et nous n’avons plus de temps à perdre , je cours après tout mes projets et je compte bien les achevés .

A TOUT MES LOUPS D’AMOUR
NANOU